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Carnets de Voyage, Charles Tessier (2003)
Le Poème Harmonique
La carrière et la musique de Charles Tessier, éminent luthiste et compositeur d'airs de la fin du XVIe siècle, se situent dans l'ombre de celle de son contemporain anglais, John Dowland. Il était le fils du musicien breton Guillaume Tessier (ou Thessier) qui, en 1582, publia à Paris, chez A. Le Roy et R. Ballard, son Premier livre d'airs tant fTançois, Italien, qu'Espagnol reduitz en Musique à 4 & 5 parties, accompagné d'une dédicace adressée à Henri III. Deux ans auparavant, le 19 septembre 1580, Sir Henry Cobham, ambassadeur anglais à la cour de France et mécène du jeune John Dowland, notait qu'un "vieux musicien nommé Guillaume Tessier, né en Bretagne, avec ses deux fils et sa fille" désirait s'échapper "de la maladie et du manque de revenus dont il souffTait à Paris." Bien que le recueil d'airs de Guillaume s'ouvre par un madrigal italien adressé à la reine Elizabeth, il n'existe aucune preuve de la présence des Tessier sur le sol anglais avant 1597. A cette date, Charles écrit trois lettres à Anthony Bacon, fTère du célèbre poète et ami d'Henri de Navarre depuis 1580, et lui demande de l'argent et de l'aide pour trouver un bienfaiteur parmi la haute bourgeoisie anglaise. Cinq ans plus tard, Charles sert le landgrave Maurice de Hesse à Marbourg, et en 1609 il se trouve à Nancy où il joue devant Henri II duc de Lorraine.
L'œuvre de Charles Tessier rassemble au total 90 airs strophiques le plus souvent en français et 10 villanelles en italien, espagnol, turc, suisse, gascon, un madrigal et un fTagment de cris de rue. Le répertoire riche et varié qu'a laissé Charles Tessier témoigne d'une carrière itinérante - cour de France, Angleterre, Saint Empire et Lorraine propice à des échanges nombreux et fructueux, notamment avec John Dowland. Il est probable en effet que les deux musiciens aient eu à plusieurs reprises des contacts: à la cour de France, dans les années 1580, plus tard, auprès du landgrave Maurice. Les mélodies bien tournées comme l'habileté harmonique de Tessier sont attestées par Dowland lui-même, qui dans un de ses airs au moins emprunte directement à son collègue français.
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